mercredi 3 juillet 2024 à 14h30

Marche Reveillons la resistance contre l'extreme droite

Comité Réveillons la Résistance (*)

Le 22 octobre 1941, vingt-sept prisonniers étaient emmenés du camp d'internement de Châteaubriant jusque dans une carrière à la sortie de la ville, où ils furent alignés puis fusillés par les Nazis. Exécutés en représailles de l'attentat contre un officier Nazi à Nantes, leurs noms avaient été soigneusement sélectionnés et remis par le gouvernement de Vichy à Hitler. Ils s'appelaient Marc Bourhis, Émile David, Huỳnh Khương An ou encore Jean-Pierre Timbaud. Ils étaient étudiants, ouvriers, syndicalistes et ont été assassinés parce qu'ils se battaient contre le fascisme. Le plus jeune d'entre eux avait 17 ans, il s'appelait Guy Môquet. Il laissa derrière lui une émouvante lettre d'adieu adressée à sa mère, dans laquelle il écrivit "Ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose".

Le score historique de l'extrême droite aux élections européennes, en particulier dans les territoires ruraux, nous effraie. Nous voilà donc peut-être à la veille de voir le Rassemblement National entrer à Matignon. Le RN revendique l'héritage de ses créateurs, les tueurs de juifs et de résistants, engagés volontaires dans l'armée nazie : Pierre Bousquet, François Brigneau ou Léon Gaultier. Ainsi qu'évidemment celui de Jean-Marie Le Pen, le tortionnaire de l'Algérie qui, selon sa fille, « aura toute sa place à l'Élysée » en cas d'élection du RN. Cet horizon politique, c'est celui de la mise en danger de la démocratie. C'est aussi celui, plus immédiat, d'une violence accrue à l'égard des catégories de la population que vise déjà le RN dans ses discours : les réfugiés, les étrangers, les musulmans, les juifs, les voyageurs, les noirs, les asiatiques, les personnes LGBTQIA+, les personnes précaires et porteuses de handicap.

La mémoire est une responsabilité, elle est vivante au sens où elle éclaire le présent. À ce titre, elle nous oblige. Elle peut contrer le fameux argument du "On n'a jamais essayé" et du "Tout ça c'est du passé". Elle peut aussi nous apprendre la nécessité de la résistance, de l'organisation, de la solidarité. Parce que nous pensons qu'un vote de temps à autre ne suffit pas à changer la donne durablement, nous ne voulons pas laisser le dernier mot au résultat des suffrages le 7 juillet. Nous sommes déjà nombreux et nombreuses, partout en France, à nous organiser pour contrer le vote en faveur de l'extrême droite et de ses idées. Nous nous organisons comme nous pouvons, dans l'urgence, en mobilisant nos réseaux associatifs, amicaux, les lieux que nous fréquentons au quotidien. Mais nous savons qu'au-delà du vote, seul un vrai travail de terrain reposant sur l'entraide et la solidarité, l'éducation populaire et le syndicalisme ainsi que la pédagogie antiraciste peuvent défaire les idées de l'extrême droite et poser les bases d'une autre société.

Le 3 juillet, nous proposons de nous retrouver le plus largement possible pour faire honneur à la mémoire de la Résistance. Nous ferons le serment de transmettre son flambeau en nous organisant, partout où nous sommes, pour passer la mémoire, éduquer à l'égalité et à la solidarité, et affirmer notre destin commun avec toutes celles et ceux que le RN prétend mettre au ban de la société. Nous marcherons sur les derniers pas des fusillés de Châteaubriant, de la place Charles de Gaulle à la Sablière, pour rappeler que l'extrême droite a déjà eu sa place au gouvernement, et qu'il suffit d'écouter l'Histoire pour savoir ce que cela donne.

Rendez-vous le 3 juillet 2024, à 14h30 place Charles de Gaulle à Châteaubriant (Loire-Atlantique).

(*) En partenariat avec l'Amicale Châteaubriant Voves Rouillé Aincourt, porteuse de l'histoire des fusillés du 22 octobre 1941 à Châteaubriant