vendredi 21 février 2025 à 19h
Soirée courts métrages kurdes
Soirée autour du cinéma kurde au Babazula.
Pour marquer la journée internationale des langues maternelles, projection de trois courts métrages réalisés par l'Académie du cinéma du Moyen Orient de Diyarbakir :
- Çerx - la roue
- Piyê min toz sekir - Mon père et le sucre
- Navnîsan - L'adresse
Les films sont en kurde (kurmancî et zazakî) et turc, sous-titrés en français.
La thématique de ces trois films tourne autour de la répression et des résistances des Kurdes en Turquie dans les années 1990.
Une discussion autour du cinéma (en) kurde et de la résistance culturelle suivra la projection.
Autour des films : table de presse, brochures.
Entrée à prix libre pour soutenir l'organisation.
Organisé par les Amitiés kurdes de bretonnes & camarades.
LE PROGRAMME
19h00 - Accueil
19h30 - Présentation
19h50 - Çerx - La roue
20h10 - Piyê min toz şekir - Mon père et le sucre en poudre
20h30 - Navnîşan - L'adresse
20h45 - Débats et discussions avec des camarades kurdes
23h00 - Fin de la soirée, rangement collectif
Au début du 20e siècle, les frontières tracées par les puissances coloniales françaises et anglaises avec les accords Sykes-Picot (1916) et entérinées par le traité de Lausanne (1923) vont imposer au Moyen-Orient un découpage ne prenant pas en compte les structures sociales existantes et la réalité des populations. Le modèle de gouvernance basé sur l'État-nation européen est alors importé dans la région, à la fois par les puissances coloniales, mais aussi par la toute jeune république turque. Certains peuples voient alors leurs aspirations à l'autonomie balayées : c'est le cas des Palestiniens et des Kurdes, à qui l'on dénie une existence politique, avec des conséquences exacerbées aujourd'hui.
Dès sa création en 1924, la république turque se fonde sur un principe d'unicité calquée sur celui de la France : un seul peuple, une seule langue, une seule religion. Les autres ethnies doivent se fondre dans le moule, ou disparaître. Une politique d'assimilation est mise en œuvre contre les Kurdes. Leur langue, leur culture est interdite. Les années 1990 en particulier voient s'abattre une répression féroce sur les Kurdes. Près de 4000 villages sont brûlés et vidés de leurs habitants.
Un siècle plus tard, les Kurdes continuent à lutter pour leur autonomie politique. Dans ce combat, la résistance culturelle a une importance majeure : elle participe à la sauvegarde de la langue et de la culture face aux politiques assimilatrices de l'État turc. À côté de la musique, du théâtre et de la littérature, un cinéma kurde s'est ainsi développé. Nous vous proposons d'en découvrir une facette à travers trois courts- métrages récents.
Çerx - La roue
Metin Ewr / 14 min / 2021 / Kurmancî et turc sous-titré en français
Synopsis :
Dans les années 1990, certains journaux n'étaient pas autorisés à pénétrer dans la région de Diyarbakır, sous état d'urgence à cette époque, alors qu'ils étaient légaux. Des enfants faisaient partie du groupe de distribution. Ils allaient secrètement chercher ces journaux à l'extérieur de la ville et les emmenaient au lieu de rendez- vous prévu. Là, ils changeaient de vêtements et sortaient les distribuer, sous couvert d'une autre activité. Mais ils étaient constamment suivis par ceux qui considéraient le journal comme dangereux et voulaient empêcher sa diffusion. Çerx est un témoignage des conditions dans lesquelles ces journaux étaient distribués aux lecteurs et des difficultés rencontrées. Çerx a reçu une trentaine de prix et sélections dans des festivals internationaux.
Piyê min toz şekir - Mon père et le sucre en poudre
Sedat Barış / 15 min / 2016 / Zazakî sous-titré en anglais et français
Synopsis :
Dans les régions kurdes de Turquie, entre 1995 et 2002, l'État turc a imposé un embargo alimentaire à la population kurde afin d'empêcher l'acheminement de nourriture vers le PKK. Selon cette loi, l'huile, la farine et le sucre ne pouvaient être vendus qu'avec l'autorisation du poste de police et en quantités limitées. Toute infraction était passible de lourdes peines. Le film raconte l'histoire d'un père qui a eu des ennuis après avoir fait entrer du sucre en contrebande dans sa maison.
Navnîşan - L'adresse
Aram Dildar / 16 min / 2022 / Kurmancî et turc sous-titré en français
Synopsis :
Edip est nommé enseignant dans sa région natale à l'Est de la Turquie juste après avoir obtenu son diplôme universitaire. Lorsqu'il se rend au bureau du gouvernement pour commencer son travail, il apprend que le village auquel il a été affecté ne figure pas dans les registres. Il ne peut tolérer plus longtemps la lenteur de la bureaucratie, car les écoles sont sur le point d'ouvrir. Il se met à la recherche de Yeşilköy lui-même, qui ne figure dans aucun registre officiel, dans une région qu'il croit connaître sur le bout des doigts. Edip, qui cherche Yeşilköy à Diyarbakır, va se retrouver au cœur d'un des plus grands problèmes politiques de la Turquie.
Mot du réalisateur :
Tous les villages, montagnes et rivières autour de la ville où j'ai vécu et grandi portent deux noms. L'un est le nom qui existe depuis des milliers d'années et qui est connu de tous, et l'autre est le nom officiel turc qui n'a rien à voir avec son nom d'origine. Lorsque j'ai fait des recherches plus approfondies, j'ai découvert que les noms de 28 000 localités, utilisés par la population locale d'origine, ont été interdits et renommés. L'objectif est de détruire complètement la mémoire d'une région. Ce film est inspiré d'une histoire vraie. L'histoire d'une personne perdue dans sa propre géographie. Alors que cette réalité tragique était au centre du film, j'ai choisi un langage proche de la comédie noire pour transposer un problème aussi grave au cinéma. En tant que réalisateur, j'ai essayé de garder une distance par rapport à l'histoire et au personnage et de raconter l'événement sans l'agiter. J'ai choisi le langage de la caméra en conséquence.
Académie du cinéma du Moyen-Orient
Notre association est une organisation non gouvernementale fondée à Diyarbakır en 2012 dans le but d'organiser des activités au sein de la société civile dans le domaine du cinéma. Dans le contexte du développement des activités culturelles et artistiques ces dernières années, en particulier dans la région, l'association a travaillé sur des activités de formation au cinéma en langue maternelle, sur la production, la distribution et la projection de films et l'organisation de festivals. Le multilinguisme, la richesse culturelle, les questions de genre, l'écologie, la liberté des femmes, le rapprochement entre les cultures ont été établis comme principes de base de nos activités. Dans les conditions actuelles, en raison des inégalités sociales et intercommunautaires, les individus qui souhaitent produire dans les domaines culturels et artistiques ne peuvent pas trouver les ressources nécessaires. L'Académie du cinéma du Moyen-Orient s'est donné pour mission de répondre à ces besoins pour la société. Avec l'idée d'un « cinéma pour tous et partout », nous nous appuyons sur la devise « produisons solidairement, en produisant soyons solidaires ».
Insta : @komeleyasinema
Site : https://ortadogusinema.com
Info
Accueil à partir de 19 - Fin 23h
Entrée à prix libre
Restauration légère à prix libre sur place
Lieu : Le Babazula
182 av. du Général Paon, 35700 Rennes
En transport : Bus C3 arrêt Gros Chêne
Métro station Gros Chêne
Soirée organisée en partenariat avec l'académie du cinéma du Moyen-Orient, le BabaZula et les Amitiés kurdes de Bretagne.