vendredi 14 mars 2025 à 19h
Conférence gesticulée Je suis grosse, gourmande, et je t'emm****
À Rennes, une conférence gesticulée pour dénoncer la grossophobie
Une conférence ? Un spectacle ? Un coup de gueule ? Un peu tout ça à la fois.
Un thème encore trop souvent passé sous silence, occulté, minimisé, alors qu'il façonne chaque recoin de l'espace public, et conditionne des millions de vies.
Je suis grosse, gourmande et je t'emm**** ! par Maëlle Bulle
Au menu : témoignages percutants, chiffres accablants et… un carot-cake.
La conférence gesticulée est un savant mélange entre savoirs froids basés sur des études (les faits), et des savoirs chauds appris et accumulés au cours d'expériences personnelles (le vécu). Aux commandes, Maëlle Bulle, animatrice socioculturelle de formation. Pendant plus d'une heure trente, cette dernière ne mâche pas ses mots pour détailler et expliciter la grossophobie sous toutes ses formes. Et tout ça, en cuisinant devant nous un délicieux (testé et approuvé, NDLR) gâteau aux carottes. Parce que oui, la grossophobie est partout.
Voici quelques exemples marquants évoqués lors de la soirée (on ne vous spoile pas tout non plus, hein. On vous encourage surtout à découvrir cette conférence, NDLR).
- Dans le monde médical, où un symptôme est trop souvent balayé d'un « perdez 15 kg et revenez me voir », et où les équipements ne sont pas adaptés. Maëlle Bulle évoque la terrible mésaventure d'une personne qui a du passer son IRM dans une clinique vétérinaire.
- Dans l'espace public, avec des infrastructures qui excluent, notamment dans les transports en commun.
- Dans les relations sociales et familiales, où des remarques se voulant bienveillantes deviennent culpabilisantes.
- Et dans les médias, où la minceur photoshopée est érigée en idéal, tandis que le « dad bod », ce ventre rebondi, perçu comme cool et sexy, ne bénéficie de cette indulgence que lorsqu'il concerne un homme.
Pour beaucoup, la stratégie de survie repose alors sur l'évitement ou le contournement. Parce que galérer, au quotidien, ça use. Forcément. Résultat ?
- le drive ou la livraison à domicile plutôt que le supermarché,
- Netflix plutôt que le ciné,
- le shopping en ligne plutôt qu'en boutique, où de toute manière les grandes tailles ne sont jamais disponibles.
En France, 17 % des adultes sont en situation d'obésité (17,4 % chez les femmes, 16,7 % chez les hommes en 2020). Ça représente plus de 8 millions de personnes. Et pourtant, leur place dans la société semble être dans l'angle mort. On ne les voit pas. Comme le souligne explicitement Maëlle Bulle, cette invisibilisation n'est ni accidentelle ni anodine : elle découle directement d'un manque de volonté politique et sociale d'inclure ces personnes. Pas vu, pas pris. Pas pris, pas de problème. Pas de problème ? Alors, surtout, ne changeons rien… Malin !
Mais ce soir-là, impossible d'esquiver la question. Entre punchlines bien senties, quiz percutants et déconstruction des préjugés, le public est secoué. Indignation, prises de conscience, remises en question : une chose est sûre, la grossophobie n'est pas juste une question de « regard des autres ». Ses conséquences sont réelles et violentes : santé physique et mentale dégradée, qualité des soins compromise, précarisation… Autrement dit, une discrimination systémique qui nuit directement au bien-être des personnes concernées, dont les femmes sont - oh surprise - une nouvelle fois les principales victimes. Fichue société patriarcale. Sous une salve d'applaudissements, Maëlle Bulle terminera son intervention en appelant à une remise en question profonde et ra-di-cale du système. Car le problème n'est pas individuel, mais bien structurel. Alors, plutôt que de culpabiliser les corps gros ou non, si on s'attaquait enfin aux vraies causes ?
Retrouvez les prochaines dates de la conférence gesticulée Je suis grosse, gourmande, et je t'emm*** ! L'histoire d'une indigestion appelée grossophobie ici
Je suis grosse, gourmande, et je t'emm****
L'histoire d'une indigestion que l'on nomme grossophobie