dimanche 11 mai 2025 à 15h

Manifestation contre l’islamophobie et le racisme - Nous sommes tou-te-s Aboubacar !

Le 25 avril, un homme de 22 ans, Aboubakar, a été poignardé à de multiples reprises et laissé agonisant sur son tapis de prière dans la mosquée de La Grand-Combe, dans le Midi. Immédiatement après avoir tué Aboubakar, son assaillant l'a filmé, en gros plan, tout en se répandant en horreurs sur l'islam et ses fidèles.

Ce crime n'est pas un fait divers. Ce n'est pas l'histoire d'un règlement de compte, ni une engueulade à la fin tragique. C'est l'histoire d'un pays où un homme décide d'en tuer un autre qu'il ne connaît pas, parce que celui-ci prie dans une mosquée. Parce qu'il est musulman.

Cette décision, au fond, le tueur ne l'a pas prise tout seul. Cet assassin vit en France, où des membres des gouvernements successifs n'ont eu de cesse d'alimenter l'islamophobie et des scores à deux chiffres du Rassemblement national.

Comment ne pas penser à l'obsession contre l'islam et l'immigration des Le Pen, Bardella, Retailleau, Valls, Darmanin à l'heure de veiller Aboubakar ?

Il n'y pas d'ambiguïté. Celui qui tue est responsable. Mais celui qui commet un crime raciste le commet toujours dans une ambiance qui le favorise. Comment ne pas penser à l'obsession contre l'islam et l'immigration des Le Pen, Bardella, Retailleau, Valls, Darmanin à l'heure de veiller Aboubakar ?

Son meurtre n'existe pas sans les législations qui, depuis 20 ans, stigmatisent et excluent les musulmans au nom d'une laïcité dévoyée. Il n'existe pas sans les perquisitions de milliers de foyers musulmans menées sous l'égide d'un président dit socialiste après les attentats de 2015. Il n'existe pas sans la loi sur le séparatisme, sans la dissolution des collectifs de luttes contre l'islamophobie. Il n'a pas lieu sans l'obsession médiatique autour de l'islam, des vulgaires plateaux de CNews aux intellectuels de cours raffinés qui sous couvert de lutter contre le fanatisme crachent quotidiennement leur haine des arabes et des noirs.

Il n'existe pas sans le silence coupable et gêné d'une partie de la gauche face aux expulsions d'imams, sans l'instrumentalisation de laïcité pour s'attaquer à l'Islam, sans le pseudo « contrat d'engagement républicain ». Il n'existe pas sans la répression qui touche celles et ceux qui ont l'outrecuidance de s'indigner devant le génocide que subit le peuple palestinien, qui ont la folle idée d'en nommer la cause, le colonialisme, et se retrouvent dans le viseur de l'antiterrorisme.

Les mêmes qui alimentent le climat islamophobe depuis des années feignent de s'émouvoir du sort d'Aboubakar. Ils n'ont pas porté les coups. Mais ils ont répandu l'islamophobie, rendu suspect chaque musulman, et défait les garde-fous.

Le terrible meurtre d'Aboubakar nous rappelle que l'islamophobie est aujourd'hui au cœur du développement du fascisme en France comme ailleurs. De Trump à Netanyahou, de Modi à Orbán, de Le Pen à l'AFD, la haine des musulmans cimente les stratégies impérialistes et réactionnaires. Il y a quelques mois, nous avons échappé de peu à la formation d'un gouvernement ouvertement d'extrême droite mais ce sursaut, nous le savons, est peut-être provisoire. Le pire reste à craindre.

Dans ce contexte, la question de l'islamophobie doit être au cœur de toute politique antiraciste, de toute tentative de défaire la progression du fascisme. Si les forces de notre camp ne parviennent pas à démanteler la progression de l'islamophobie au sein de l'État et de nos sociétés, à défaire les lois islamophobes comme la loi séparatisme, alors l'odieux meurtre d'Aboubakar pourrait n'être que le prologue à d'autres horreurs de masse.

Pour empêcher cela, pour rendre hommage à Aboubakar, et pour faire front contre toutes les formes de racisme, nous appelons à une grande marche le 11 mai 2025 à 15h place Charles de Gaulle à Rennes.