mercredi 6 février 2013 (heure non définie)

[INFO] La lutte contre les mutilations génitales faites aux filles et aux femmes

Il y a quelques mois, le 26 novembre 2012, l'ONU adoptait enfin sa première résolution interdisant les mutilations génitales féminines. Ce texte, qui qualifie l'excision de « violence », est le premier qui désigne spécifiquement l'excision comme une atteinte aux droits humains.

Ce sont les principaux pays concernés par ce crime mutilatoire, c'est-à-dire des pays africains, qui ont présenté ce texte à l'ONU. Au total, plus de 110 pays ont soutenu cette résolution, qui appelle les États membres à renforcer les législations existantes, mais également à mettre en place des campagnes de prévention et d'éducation. Cette résolution, si elle n'est hélas pas contraignante, permettra néanmoins de lever des fonds pour mener ces campagnes.

Actuellement, de nombreux États n'interdisent pas les mutilations génitales infligées aux filles et aux femmes, comme l'Égypte, l'Ouganda ou la Somalie et, dans les pays qui ont adopté des législations répressives, la loi est souvent difficile à appliquer, tant le poids de la coutume est important.

Les mutilations génitales féminines regroupent différentes pratiques (http://www.federationgams.org/msf.php). L'excision consiste en l'ablation d'une partie plus ou moins grande du clitoris et, parfois, des petites lèvres. L'infibulation est, quant à elle, une excision avec abrasion des grandes lèvres dont les deux bords sont suturés. Les conséquences sur la santé des femmes concernées sont particulièrement graves : psycho-traumatisme grave, incontinence grave, stérilité, douleurs extrêmes lors des rapports sexuels et de l'accouchement, infections vulvaires, déchirures du périnée, fistules vésico-vaginales, voire la mort par septicémie.

Pourtant, ces mutilations sont toujours courantes dans 78 pays africains, ainsi qu'en Irak, Indonésie, Malaisie, au Yémen, ou encore dans certains groupes ethniques d'Amérique du Sud. En 2010, 70 millions de femmes étaient concernées (ONU). Selon l'Organisation mondiale de la santé, 6 000 filles seraient ainsi frappées par ce crime mutilatoire chaque jour.

Selon les espaces, les justifications de ces pratiques varient - motifs culturels, religieux, etc. - mais elles sont toujours d'origine coutumière et machiste. En effet, les mutilations génitales sont des coutumes patriarcales d'exacerbation de la différenciation sexuée qui existent depuis au moins cinq siècles avant notre ère, bien avant l'apparition des monothéismes. En outre, au XIXe siècle, des médecins européens ont pratiqué l'excision sous des prétextes médicaux, en particulier pour « soigner » la supposée "hystérie" des femmes. Quels que soient les motifs invoqués, ce crime a pour objet le contrôle et l'appropriation des femmes à travers le contrôle de leurs sexualités. Il s'agit là d'un des dispositifs les plus extrêmes du système de la domination masculine.

Si la résolution de l'ONU est un premier pas, le combat est loin d'être terminé. Une charte ou une convention pourrait ainsi permettre de faire davantage pression sur les Etats afin qu'ils adoptent une législation plus stricte contre ces crimes et de mettre fin à ces pratiques barbares.

Hélène Assekour.

Pour en savoir plus, retrouvez :
>> Le GAMS, Groupe pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé des femmes et des enfants, sur son blog et sur son site internet.

>> l'interview d'Isabelle Gillette Faye, présidente de la Fédération GAMS, dans notre dernier journal http://www.osezlefeminisme.fr/sites/www.osezlefeminisme.fr/files/journal/journal_maquette_23_olf.pdf

>> L'interview de Pierre Foldès que nous avions réalisée dans le cadre de la campagne Osez le clito ! pour mieux comprendre les causes et les conséquences des mutilations génitales infligées aux filles et aux femmes.

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Source : http://www.osezlefeminisme.fr/article/la-lutt...