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samedi 23 mars 2013 à 14h30

[Conférence/Débat] Rwanda : Conférence-débat autour du livre « Silence turquoise »

Du 13 au 23 mars 2013 a lieu la troisième édition de l'événement «le Moi(s) contre la Françafrique », présenté par les associations Survie 35, Elikya, Woezo Togo, Espoir et le Cridev.

1992-1994, l'Etat français s'est rangé aux côtés du régime hutu, y compris pendant l'opération Turquoise au Rwanda - tout en revendiquant une « neutralité » intenable et moralement condamnable.

Ce livre révèle la vérité sur l'opération « humanitaire » Turquoise, confiée à des militaires. Cette opération planifiée par les autorités françaises, contestée dès l'origine, commence douze jours seulement avant la chute de Kigali et la fin du génocide - douze jours entachés d'imposture militaire et politique et de choix très fautifs, selon Prungnaud. Cet ancien du GIGN sait de quoi il parle, il a fait Turquoise au sein du Commandement des forces spéciales. Acteur et témoin, il évoque un état-major français presque toujours pro hutu, dévoile des zones d'ombre, effrayantes, notamment à Bisesero entre le 27 et le 30 juin 1994, où plus d'un millier de Tutsis ont été massacrés et alors que, à proximité, la hiérarchie connaissait le danger qui pesait sur eux. Elle n'a donné aucun ordre pour les protéger. Il y a quelques années, la justice a été saisie d'une plainte contre l'État français pour « complicité de génocide et de crimes contre l'humanité ». Depuis, le tribunal aux Armées instruit - mollement.

L'enquête serrée de L. de Vulpian s'appuie sur le témoignage du sous-officier. Elle met en évidence les faiblesses de la Mission parlementaire Quilès, la campagne de désinformation orchestrée par une poignée de hauts responsables militaires et politiques, notamment sous la plume de Péan, le positionnement très « idéologique » - anti Tutsi - d'officiers supérieurs de Turquoise, ainsi que leurs mensonges.

Cette enquête nous amène sur le terrain politique franco-français, expose les difficultés de la justice à faire la vérité sur le rôle de l'État français. Elle parle aussi des militaires qui, voulant accomplir leur devoir, ont outrepassé les ordres. Ils ont ainsi sauvé l'honneur sinon de la France, au moins des Français.

Laure de Vulpian est journaliste à France Culture et responsable de la rubrique justice. Elle enquête depuis 2001 sur le Rwanda.

Thierry Prungnaud est considéré comme l'un des meilleurs tireurs d'élite du GIGN. Déc. 1994, aéroport de Marignane : dans un déluge de feu, il entre dans l'Airbus dont les passagers ont été pris en otages par des terroristes. Quelques mois plus tôt, il avait participé à « Turquoise » au Rwanda, après avoir formé dès 1992 des militaires rwandais.

Source : http://francafrique35.blogspot.fr/
Source : message reçu le 24 février 20h