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jeudi 12 décembre 2013 à 18h

[Expo] ❝WORDS❞ EXPOSITION (photos, sculptures...)

A l'issue de plusieurs mois de résidence parmi nous, HITOMI NISHINAKA présente:

Images intégrées 1

Plus en détail...

Le projet "Words" a commencé à partir de l'histoire d'Helen Keller, une femme aveugle-sourde américaine. Elle a perdu sa vue et son ouïe à 2 ans. Comme personne ne pouvait l'éduquer, elle a vécu comme un animal jusqu'à ce qu'on lui apprenne un alphabet manuel, tactile, et qu'elle comprenne le sens des mots à l'âge de 7 ans.

Son premier mot était "Water". Comme Helen confondait deux mots Tasse(Cup) et Eau(Water), sa maitresse Anne Sullivan l'emmena au bord du puits pour que l'enfant remplisse sa tasse. Helen se mit à jouer en se faisant couler de l'eau sur la main. La maitresse épela le mot"Water" plusieurs fois sur l'autre main de l'enfant. Soudain Helen demeura immobile.Elle a compris. Elle a compris le lien entre les jeux de mouvement des doigts qu'on lui apprenait et cette chose fraiche qui coulait sur sa main.Et tout a un nom, comme Terre, Branche,Puits…Pour elle, cette expérience signifiait la découverte de lumière.

J'ai réfléchi sur le lien entre le mot et l'objet,l'image et l'objet,le mot et l'image.

Les mots et les phrases présentés viennent des épisodes importantes dans la biographie et l'autobiographie d'Helen Keller.

Pour que l'aveugle voit,il faut que l'image devienne un objet qui peut être touché physiquement.

La carte postale est un objet-image.La serviette est un objet qui est fortement lié à la bouche et aux mains.La broderie permet d'obtenir les images en relief ainsi que les mots en Braille.

Le contact de la main permet d'examiner et reconnaitre l'objet et le mot écrit. Peut-être les voyants peuvent imaginer certaines choses visuellement.

La personne qui est privée de lumière et de son peut avoir une idée qui n'est ni visuelle ni auditive. Son univers se constitue des choses qu'elle a aperçu par l'odorat ,le toucher et ce qu'elle a appris par l'alphabet manuel et des textes écrits en Braille.La majorité de son savoir se fait avec le contact physique. Il y a la transition; le contact avec objet, reconnaitre ce qu'il est et trouver le mot qui lui corespond ou bien le contact avec le mot en Braille et le lire, trouver le mot et tout ce que ce mot représente, qui peut être des mémoires concernant une odeur,un toucher,une chaleur ou la froideur, une sensation ou une idée et une notion abstraite.

Le projet "Le Monde" a commencé par un simple jeu de mots.

Les papiers journaux ont une vie éphémère. L'information imprimée est morte le lendemain.Le panier en papier journal est un passe-temps proposé aux femmes au foyer au Japon.Le tressage suggère la longitude et la latitude. Avec cette matière artisanale,j'ai créé une sphère et un rectangle qui suggèrent le globe et la carte du monde.Les objets en tressage sont difficiles à créer.Leur forme est toujours sous l'influence de la gravité, de l'équilibre et de la tension physique.

Ces objets pouvant faire penser à plusieurs effets, par exemple le schéma politique mondial et l'écologie.

Parallèlement le choix de journal et le choix de langue représentent pour moi une grande partie de la perception du monde pour un individu. Une personne qui lit Le Figaro et une autre qui lit Les Echos n'ont pas les mêmes valeurs et le même point de vue. On peut lire New York Times en plusieurs langues différentes. On peut digérer l'information en français et en japonais mais le processus de compréhension de texte n'est pas identique puisque chaque langue a son propre système singulière. En traduisant, on modifie des mots et des phrases par rapport au sens originel pour que le texte soit parfaitement compréhensible et naturel dans une autre langue.

Les pensées et le savoir d'un individu prennent la forme de mots pour réfléchir et communiquer avec le monde extérieur.Si un homme oublie sa langue et perd la notion des mots, son monde peut s'écrouler comme la Tour de Babel.

Une personne qui se trouve dans un pays étranger doit maitriser la nouvelle langue non seulement pour pouvoir communiquer avec les autres mais aussi pour construire sa nouvelle perception du monde et sa nouvelle identité en apprenant les mots comme "immigré" ou "étranger". Plus il ou elle maitrise la langue, plus sa vision sur le monde devient stable.

Quand une personne est privée d'utiliser une langue, l'univers qu'elle a construit à partir de cette langue faiblit.Plus elle oublie les mots, plus son monde devient vide.

Je lisais les journaux en construisant des structures. Après avoir passé 4 ans au Japon, j'avais besoin de rattraper mon français et l'actualité en France.

Ainsi j'ai reconstruit mon monde.

Exposition à la galerie du 48 (Bd Villebois-Mareuil) du 12 au 19 décembre, de 14h à 19h.

Vernissage le jeudi 12 décembre à 18h.

Venez nombreux!